Yvan
Gastaut, historien, maître de conférences à l’Université Côte d’Azur, membre de
l’URMIS et spécialiste de l’immigration en France et de ses rapports avec le
sport, ainsi que de l’histoire du football signe la tribune de cette semaine avec Nicolas Bancel, professeur ordinaire à l’Université de
Lausanne (Suisse), faculté des sciences sociales et politiques (ISSUL/IEP),
spécialiste du fait colonial, des questions postcoloniales et de l’histoire des
activités physiques et sportives. Les deux historiens présentent le prochain
colloque du Groupe de recherche Achac qui se tiendra à Nice le 12 décembre
prochain (entrée libre) et qui portera sur une discussion transversale du sport
et de ses enjeux contemporains : racisme, discrimination, diversité,
immigration, identité, nation. Le colloque se place dans la continuité des
travaux entamés par le Groupe de recherche Achac avec son programme Sports & Diversités et le futur programme « Histoire,
olympisme et citoyenneté (1896-2024) ». Seront ainsi rassemblés des spécialistes,
chercheurs, responsables d’institutions et sportifs/sportives de haut niveau
pour apporter des éléments d’analyse et de compréhension à la place que tient
le sport dans nos sociétés contemporaines.
À Nice, le 12 décembre prochain, le colloque Sport, diversité & territoire propose d’engager la réflexion sur plusieurs enjeux fondamentaux de la pratique sportive et de ses échos dans nos sociétés contemporaines. Parmi ces défis, celui de la diversité est l’un des plus emblématiques car le sport met en scène les appartenances avec une grande intensité : chantre de l’interculturel et du métissage, il peut aussi être le lieu de tous les outrages racistes. La diversité englobe les débats autour de l’immigration, des discriminations, du « communautarisme », des différences culturelles mais aussi de la laïcité et des questions d’identité en lien avec un pays, une région ou une ville. Évoquer la diversité, c’est donc aussi envisager la transformation des territoires, puisqu’en France, comme dans la plupart des pays européens, on assiste à une créolisation des populations dans les grands centres urbains, mais aussi à la relégation d’une partie de l’immigration postcoloniale et sa descendance dans les quartiers populaires, à la périphérie des villes. L’ensemble de ces enjeux, inscrits dans le temps long, interroge à travers plusieurs dimensions l’histoire du sport et les pratiques sportives, en France et en Europe.
Dans un contexte de questionnements identitaires tous azimuts dans le cadre duquel s’inscrit la « crise des migrants », plusieurs lignes de fracture se dessinent. Fracture géographique et fracture sociale tout d’abord avec des processus convergents construisant des frontières invisibles entre populations, les inégalités jouant à l’évidence un rôle essentiel dans la distribution spatiale des populations, particulièrement pour ce qui concerne les « quartiers ». Fracture dans les systèmes de représentations aussi, puisque cette configuration géographique et sociale conditionne une vision très dépréciative de ces « quartiers » et de leurs populations.
Que nous dit le sport de ces différentes situations ? Véhiculant la perspective d’une possible réussite sociale incarnée par quelques figures médiatiques du héros tels Teddy Riner, Laura Flessel, Zinedine Zidane ou Kylian M’Bappé, le sport est aussi un support à l’identification à la nation (hymne, drapeau, équipe nationale…), dans un contexte pourtant de plus en plus marqué par la pluri-appartenance et les identités multiples. Le poids des supporters est devenu majeur et rien de ce qu’il se passe dans les tribunes ne nous échappe désormais, y compris les radicalités, le racisme et l’homophobie. Ces différents aspects, que l’on retrouve aussi sur les terrains ou dans les salles de sport, seront au cœur de cette journée de rencontres qui interrogera tout autant le passé que le présent.
Dans cette perspective, quel peut être le rôle du sport ? Incarnant en théorie les valeurs de respect, de tolérance, de fair-play, les pratiques physiques, toujours plus élargies, sont devenues un élément incontournable des politiques publiques visant à réduire les fractures susmentionnées. Mais l’activité sportive est-elle réellement en mesure de contrer les effets centrifuges des inégalités sociales, des fractures territoriales ou des replis identitaires ? Quelles sont les politiques menées actuellement, nationalement et localement, et peut-on évaluer leurs effets ? Pourquoi le sport est-il l’un des territoires où les enjeux d’identité et de citoyenneté sont régulièrement questionnés ? Comment appréhender les problèmes qui traversent aujourd’hui la société à travers l’analyse du sport ?
C’est autour de ces questions que le colloque Sport, diversité & territoire — qui fait suite à un précédent colloque à l’Insep, en 2016, Sport, histoire & diversité et au programme Champions de France du Groupe de recherche Achac — propose une réflexion ouverte associant une pluralité d’intervenants permettant de croiser les regards entre spécialistes, chercheurs, responsables d’institutions et sportifs/sportives de haut niveau pour appréhender ces enjeux, tout en proposant de mettre en perspectives les olympiques de Paris 2024.
PROGRAMME DU COLLOQUE
SPORT, DIVERSITÉ & TERRITOIRE
JEUDI 12 DÉCEMBRE 2019 I 10H00 - 17H45
CENTRE CULTUREL FRANCO-ALLEMAND, NICE
10H00 | Introduction « Sport, diversité & territoire »
Nicolas Bancel, historien, professeur ordinaire à l’Université de Lausanne (Suisse), faculté des sciences sociales et politiques (ISSUL), codirecteur du Groupe de recherche Achac
Yvan Gastaut, historien, maître de conférences à l’Université Côte d’Azur,
Membre de l’URMIS (Nice)
10H30 | Table ronde 1 « Sports & diversité » animée par Nicolas Bancel
Pascal Blanchard, historien, chercheur LCP/CNRS (Paris), codirecteur du Groupe de recherche Achac
Frédéric Callens, chef de service au département des ressources du Musée national de l’histoire de l’immigration (Paris)
Sylvère-Henry Cissé, journaliste, président de Sport & Démocratie
Yvan Gastaut, historien, maître de conférences à l’Université Côte d’Azur,
membre de l’URMIS (Nice)
Pierre Mbas, président de Diambars Arena
Pierre Tartakowsky, président d’honneur de la Ligue des droits de l’Homme, rapporteur à la CNCDH sur le « rapport sport et racisme »
Patrick Umhauer, délégué général à la Vie militante à la Casden Banque Populaire ou
Bastien Bony, délégué national à la Casden Banque Populaire
14H15 | Table ronde 2 « Sport & intégration » animée par Yvan Gastaut
Nicolas Bancel, historien, professeur ordinaire à l’Université de Lausanne (Suisse), faculté des sciences sociales et politiques (ISSUL), codirecteur du Groupe de recherche Achac
Béatrice Barbusse, maîtresse de conférences hors classe à l’Université Paris-Est Créteil Val-de-Marne, handballeuse et sociologue du sport
Claude Boli, historien, responsable du département de la recherche au Musée national du sport (Nice)
Aya Cissoko, écrivaine et championne du monde amateur de boxe française (1999 et 2003) et de boxe anglaise (2006)
Hermann Ebongue, président de Sportitude-France, secrétaire général de SOS Racisme, en charge des questions de racisme dans le sport
Stanislas Frenkiel, maître de conférences à l’UFR STAPS de l’Université d’Artois
Niek Pas, historien, maître de conférences à l’Université d’Amsterdam
15H30 | PAUSE
15H45 | Table ronde 3 « Sport, territoires, nation & identités » animée par Pascal Blanchard
Hervé Andrès, docteur en sciences politiques, ingénieur d’études au CNRS et responsable de la médiation scientifique et de la communication à l’URMIS (Nice)
Marie Grasse, directrice générale et conservatrice en chef du patrimoine au Musée national du sport (Nice)
Christian Bromberger, professeur émérite d’ethnologie et d’anthropologie à l’Université d’Aix-Marseille
Maty Diouf, adjointe au maire de Nice déléguée aux droits des femmes,
à la lutte contre les discriminations et le harcèlement
Yvan Gastaut, historien, maître de conférences à l’Université Côte d’Azur, membre de l’URMIS (Nice)
Haïfa Tlili, docteure en sociologie, chargée de mission à l’Université Paris Descartes, membre du laboratoire I3SP EA 36 25, chercheure associée à l’Institut Simone de Beauvoir, Université Concordia (Montréal)
Matthias Waechter, directeur général du Centre international de formation européenne (CIFE), Nice/Berlin, membre associé de l’URMIS (Nice)
17H15 | Conclusion « JO Paris 2024, quels liens avec l’histoire et la citoyenneté ? »
Pascal Blanchard, historien, chercheur LCP/CNRS (Paris), codirecteur du Groupe de recherche Achac
Yvan Gastaut, historien, maître de conférences à l’Université Côte d’Azur, membre de l’URMIS (Nice)
Centre culturel franco-allemand
20 Cité du parc
06300 Nice
Tramway 1 : Station Opéra – Vieille Ville
Bus 8, 11, 25, 59, 62, 70, T60, T61 : Station Albert 1er / Phocéens
Entrée libre
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