Les tribunes

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L’immense musicien et saxophoniste Manu Dibango nous a quitté par l’équipe du Groupe de recherche Achac

L’immense musicien et saxophoniste Manu Dibango nous a quitté

par l’équipe du Groupe de recherche Achac

L’immense musicien et saxophoniste Manu Dibango nous a quitté par l’équipe du Groupe de recherche Achac

L’immense musicien et saxophoniste Manu Dibango nous a quitté, foudroyé par le Covid-19 après avoir été hospitalisé. Il avait été l’une des 45 figures majeures de la série « Artistes de France », racontée par Jacob Desvarieux, une série réalisée par Lucien Jean-Baptiste et Pascal Blanchard. Un film hommage à redécouvrir ici. Il a également participé aux deux films inédits pour France 2 « Décolonisations. Du sang et des larmes » proposés par Pascal Blanchard et David Korn-Brzoza (dont la diffusion au regard de la pandémie a été reportée après l’été), découvrir la bande annonce des films.

Né à Douala en 1933, Manu Dibango se familiarise avec la musique dès le plus jeune âge, notamment au temple où il chante dans la chorale. Venu en France en 1949, il découvre le jazz et apprend le piano. Puis joue dans les boîtes, les clubs privés et les orchestres. Le voilà embarqué en 1956 à Bruxelles et Anvers où il découvre les milieux congolais dans l’effervescence de l’accession à l’indépendance. 

En 1962, Manu Dibango lance son propre club à Léopoldville et y fait connaître le twist, avant d’ouvrir un autre club à Douala. Mais les affaires sont difficiles et il revient en France en 1967 pour lancer son propre big band. Il affirme son style afro-jazz urbain. À la suite de l’émission de télévision de Gesip Légitimus, il travaille avec Dick Rivers puis Nino Ferrer.

Au détour des années 1970, l’album afro-jazz Saxy Party le met à nouveau dans la lumière. Mais c’est Soul Makossa, la face B d’un 45 tours, enregistré pour la coupe d’Afrique des Nations en 1972, qui lui ouvre les portes des États-Unis. Les accents africains de son jazz enthousiasment les musiciens noirs d’Amérique et le tube fera le tour du monde, avant d’être repris par Michael Jackson et, plus récemment, Rihanna. Lunettes noires, crâne rasé, saxo en bouche… Ce sont les années 1990 qui le consacrent définitivement comme icône internationale de la world music, avec Wakafrika. Un album composé de reprises des plus grands tubes africains avec des figures musicales emblématiques : Salif Keïta, Papa Wemba, Angélique Kidjo, Youssou N’Dour, King Sunny Adé, Peter Gabriel, Manu Katché… Manu Dibango aura joué avec les plus grands : Fela Kuti, Herbie Hancock, Ray Lema, ou encore Serge Gainsbourg. 

Un immense artiste nous quitte. Il laisse derrière lui soixante années de carrière et d’engagement, sans pause, ni éclipse, enchaînant plusieurs vies, les oreilles toujours en alerte, à l’écoute du son des époques et de l’histoire de son continent. Fidèle depuis toujours aux projets du Groupe de recherche Achac, il venait de participer aux deux films inédits pour France 2 Décolonisations. Du sang et des larmes proposés par Pascal Blanchard et David Korn-Brzoza. Là encore, il nous a donné sa mémoire, ses souvenirs et sa puissance d’émotion pour parler des décolonisations au Cameroun (découvrir la bande annonce des films). 
 

À sa mémoire… À un des grands artistes de France… et du monde qui vient de nous quitter.