Memoire Combattantes

Expositions

Tirailleurs d’Afrique. Des massacres de mai-juin 1940 à la Libération de 1944-1945 : histoire croisée et mémoire commune.

Une exposition créée par l'ONAC-VG et le Groupe de recherche Achac

Alors qu’au cours du XIXe siècle, la France se dote du deuxième empire colonial au monde, elle y recrute de nombreuses formations militaires indigènes, au coeur d’un système politique où l’inégalité entre les colonisateurs et les colonisés est la règle. Aux côtés des troupes dites « de l’armée d’Afrique », composée de tirailleurs algériens, marocains, tunisiens et de zouaves, se développe une armée coloniale qui compte les unités créées d’abord au Sénégal en 1857 — les tirailleurs sénégalais —, puis à travers toute l’Afrique subsaharienne et, ensuite, en Indochine, à Madagascar, aux Comores, aux Antilles, en Guyane, à La Réunion, en Nouvelle-Calédonie, dans le Pacifique et à Pondichéry, comme en témoigne la carte des troupes venues des colonies en France sur le temps long. La France est la première des puissances coloniales européennes à engager ses troupes sur le sol européen en 1870. Cet emploi lui est reproché par les Prussiens, au motif qu’il serait déloyal d’engager des « sauvages » dans des conflits entre « civilisés ». Amplifiée par la propagande allemande pendant la Première Guerre mondiale, cette stigmatisation des soldats issus des colonies conduira à l’exécution sommaire et au massacre de milliers de tirailleurs africains prisonniers ou à l’issue des combats en mai-juin 1940 sur le front de France, lors de la Seconde Guerre mondiale, par une armée allemande sous influence de la propagande nazie. Ainsi, l’édition du 6 juin 1940 du journal des SS, Das Schwarze Korps, dénonce la France qui a trahi la « raceblanche » en recrutant « des animaux de la jungle ». Leur participation au conflit en 1914-1918, aux combats de mai-juin 1940 ainsi qu’à la Libération de la France en 1944-1945 sont des épisodes importants de notre histoire. Retracer l’histoire de ces soldats aujourd’hui, c’est s’attacher à un passé commun, dorénavant au coeur des relations entre la France et les pays africains. Si la reconnaissance du sacrifice a été immédiate dans les armées, elle a été peu présente dans la mémoire collective nationale. Aujourd’hui, monuments du souvenir, sites de mémoire, commémorations et cérémonies militaires sont de plus en plus nombreux sur le territoire national, pour corriger les oublis de l’histoire et de la mémoire. Cette exposition s’inscrit dans la dynamique de reconnaissance et rappelle le souvenir de ceux qui se sont illustrés pour servir la France, en lien avec son histoire coloniale, mais aussi celles des normes et des représentations, voire des stéréotypes. À travers douze totems, elle raconte l’histoire des soldats d’Afrique jusqu’aux massacres de mai-juin 1940, mais aussi leur internement en France à partir de l’été 1940 et leur participation à la Libération de l’Hexagone (1944-1945). Elle décrit également les lieux de mémoire dédiés à ce passé et enfin s’attache aux commémorations de 2020 (80e anniversaire) autour des événements de mai-juin 1940.


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