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Auvergne, présences des Suds

« De Lyon à Saint-Étienne, de Clermont-Ferrand à Valence, du Creusot à Grenoble, l’immigration des Suds est plurielle. »

Centre-Rhône, Lyon capitale des outre-mers (2007)

L’Auvergne se démarque des autres régions françaises par la complexité du phénomène migratoire. Dès le XIXe siècle de nombreuses villes de la région telles que Vichy ou Chatel-Guyon attirent les élites des Suds, notamment pour les divertissements qu’elles proposent (cure thermale, casino, hippodrome…). Toutefois, cette présence étrangère sur le territoire n’est que temporaire. Il faut attendre le début du XXe siècle pour voir se développer de véritables mouvements migratoires avec une population qui s’installe durablement sur le territoire et qui est alors en lien avec l’espace colonial.

Contrairement à d’autres régions, comme l’Île-de-France par exemple, l’Auvergne dispose d’une main-d’œuvre importante qui lui permet de soutenir l’essor industriel amorçait à la fin du XIXe siècle, sans faire appel aux travailleurs étrangers. Ce n’est qu’avec les conflits successifs du début du XXe siècle et la baisse démographique – liée à la présence des hommes au front et surtout aux décès de ces derniers – qu’on fait appel aux populations de l’Empire pour remplacer les employés. Jusqu’à cette période, le taux d’immigration en Auvergne est particulièrement bas, même si l’on note la présence de réfugiés politiques, venant pour la plupart de l’Est de l’Europe ou d’Italie, mais leur répartition dans la région est inégale et encore peu visible.

Dès l’entre-deux-guerre, ce sont des milliers de travailleurs, venus d’Afrique du Nord, de Madagascar, des Antilles ou encore d’Indochine, qui viennent s’installer dans la région pour prêter main forte aux usines dans le prolongement de leur présence au cours du conflit (1914-1919). Alors qu’il est prévu que les travailleurs coloniaux retournent dans leur pays à la fin du conflit, ou de leur contrat, les autorités doivent faire face à une installation définitive à laquelle elles ne s’étaient pas préparées. Avec les Trentes Glorieuses, l’Auvergne commence à découvrir l’histoire et les mémoires de ces immigrations, à travers une grande diversité de projets et de programmes. Dans le même temps, avec les années 80, la crise urbaine, la montée des extrêmes en Auvergne comme ailleurs en France, font de l’ « étranger », ou des populations issues de l’immigration coloniale, des exclus de l’égalité républicaine. Les difficultés de l’intégration, redoublées d’un communautarisme marginal mais visible qui caractérisent ces années 2010, ne sont pas sans rappeler le « rejet de l’Autre » des années 30. C’est en héritage de ce siècle d’histoire que s’engage le récit dans le présent et le croisement des mémoires.


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