Expositions

Le temps des « turcos » (1841-1913)

« Comme il était heureux, comme il leur riait de toutes ses dents blanches… Alors on le posa contre un mur et ran ! Il est mort sans y avoir rien compris. »

Alphonse Daudet, Le Turco de la Commune, 1872

Dès 1830 et la conquête de l’Algérie, les unités d’infanterie de zouaves sont créées au sein de l’armée d’Afrique. Le recrutement est alors mixte et les soldes identiques pour les « indigènes » et les Français. L’ordonnance du 7 décembre 1841 crée en Algérie trois bataillons de tirailleurs indigènes, au sein desquels sont incorporés les soldats algériens. Ces bataillons de tirailleurs sont ensuite engagés lors de différentes campagnes du second Empire et se rendent populaires en Crimée (où ils gagnent leur surnom de « Turcos »), en Italie (un hommage leur est rendu en France en 1859 au camp Saint-Maur) ou au Mexique (qui leur permettra d’intégrer la Garde impériale en 1863, focus 1). Dans le même temps, à partir de 1834 est créé en Algérie un corps de cavaliers indigènes sous la dénomination de spahis, avant qu’une ordonnance de juillet 1845 crée officiellement trois régiments de spahis qui en précéderont bien d’autres en Algérie, mais aussi au Maroc (1914) et en Tunisie (1882). Ils seront de toutes les grandes campagnes militaires de la Première Guerre mondiale.

En 1870, éclate la guerre franco-prussienne, durant laquelle les « Turcos » se rendent célèbres par leur ardeur au combat. Ils rencontrent un fort soutien populaire, notamment lorsqu’ils traversent la France sur le toit des trains. Durant le conflit, trois régiments de tirailleurs algériens sont envoyés en France où, après être passés par Marseille, ils combattent lors des batailles de Wissembourg, de Froeschwiller-Woerth, de Sedan et d’Orléans, tandis que d’autres bataillons, présents sur Paris au sein de la Garde impériale, rejoignent directement le front. Leur présence et leur combativité marquent en profondeur les Français. À l’heure de la Commune, des « Turcos » prendront part aux combats, au cœur du Paris insurgé. Plusieurs d’entre eux se rendent célèbres comme Mohammed ben Ali ou « le Turco de la commune Kadour ». Alphonse Daudet dressera un portrait peu flatteur de son engagement dans la guerre civile française : «Tout joyeux de se trouver en si belle compagnie, […] ce déserteur sans le savoir se mêla naïvement à la grande bacchanale parisienne et fut une célébrité du moment. » Avec la IIIe République, la Tunisie devient protectorat français en 1881 et vient alimenter les garnisons de tirailleurs aux côtés des Algériens. De même, après la campagne du Maroc (focus 3) à partir de 1912, de nombreux Marocains intègreront les corps d’armées réguliers. Lorsqu’éclate la Première Guerre mondiale, c’est un vaste ensemble militaire qui s’est structuré dans toute l’Afrique du Nord et qui sera appelé au front, composé de tirailleurs, de spahis et de zouaves.

 

Les tirailleurs algériens de la Garde impériale (1863)

En 1863, Napoléon III rend hommage aux tirailleurs algériens engagés dans l’expédition mexicaine (1862-1867) et décide de les incorporer au sein de la Garde impériale aux côtés des zouaves. Ils montent alors la garde au Palais des Tuileries ou au Louvre, distrayant les visiteurs de la capitale par leur uniforme éclatant. L’année 1863 marque un tournant majeur qu’avaient préfiguré les défilés de 1859 faisant de ces combattants d’Afrique du Nord partie intégrante de l’armée française.

Mohammed ben Ali

Après la débâcle de Sedan en 1870, un certain nombre de « Turcos » se retrouvent engagés dans la défense de Paris face aux Prussiens, puis dans les affrontements de la Commune contre les Versaillais. Un nom est resté célèbre, celui de Mohammed ben Ali, ordonnance de Maxime Lisbonne, lieutenant-colonel de la Commune, tombé sous les balles des Versaillais dans les premiers combats.

La campagne du Maroc (1907-1912)

Les premiers engagements militaires dans la Chaouïa en 1907 concordent avec l’intérêt des Français pour le Maroc où sont déjà présents les Espagnols. L’envoi de troupes, notamment de régiments de tirailleurs algériens, est indispensable pour lutter contre les « Berabers » du Nord et les « Chleuhs » du Sud (deux populations berbérophones). En 1912, après des années d’atermoiement, Lyautey prend en main les rênes du protectorat et achève cette campagne.

 


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