Expositions

Le temps de la conquête et des explorations (1876-1913)

A la fin du XIXe siècle, encouragés par les sociétés de géographie, des Européens voyagent dans un continent dont ils ne connaissent que les contours. La France de Jules Ferry cherche alors, en colonisant ces terres africaines, à restaurer un prestige terni par la défaite de 1871. Contrairement aux grandes nations d’alors, France, Grande-Bretagne et Prusse, la Belgique n’envisagera de gérer son propre empire colonial qu’à partir de 1908. Mais dès 1876, le Roi Léopold II fonde l’Association Internationale pour l’exploration et la civilisation de l’Afrique. En 1878, il engage le journaliste et explorateur Stanley pour l’aider dans son entreprise. Celui-ci devient rapidement le héros de l’expansion coloniale belge en Afrique. Léopold II négocie en 1885, dans le cadre de la Conférence de Berlin, la fondation de l’Etat Indépendant du Congo (EIC), dont il se proclame souverain. Après Stanley, Léopold II est la seconde figure marquante du panthéon colonial. L’opinion belge reste cependant longtemps réticente à l’aventure coloniale, malgré une importante propagande fondée sur le double thème — alors utilisé par la France — de la lutte contre les Arabes esclavagistes et l’évangélisation des « païens ».

En France, les faits d’armes au Soudan permettent d’exalter un patriotisme, jusque-là marqué par la nostalgie de la perte de l’Alsace et de la Lorraine, et l’esprit de revanche. Pour rallier une opinion indifférente, voire opposée à cette aventure Outre-mer, le Parti colonial — recouvrant une large partie de l’échiquier politique, des conservateurs aux libéraux — intensifie une propagande qui glorifie les héros de la « Plus grande France » et attribue au drapeau français des vertus émancipatrices. Dans le discours et dans l’image, la conquête et la domination coloniales sont présentées comme une « croisade libératrice », référence à l’abolition de l’esclavage en France en 1848 et comme une « mission civilisatrice ». En même temps, l’opposition à la politique d’expansion coloniale de Jules Ferry regroupe un large éventail politique, qui va jusqu’à la droite nationaliste de l’Action française.

Cette diversité ne se traduit pas forcément en images. Il faut attendre le développement de l’anarcho-syndicalisme au début du siècle pour que la presse illustrée brocarde violemment l’« oeuvre coloniale ». Ces attaques rejoignent l’antimilitarisme et les protestations contre les bagnes militaires en Afrique du Nord (Biribi). Elles adoptent ensuite un style plus violent, dénonçant les exactions coloniales, l’exploitation économique et l’hypocrisie de la mission civilisatrice, avec les dessins de Jossot, Willette ou de Grandjouan dans L’Assiette au beurre (1901-1912). Parallèlement, en Belgique — et malgré la constitution d’un groupe de pression colonial qui développe une intense propagande sur l’implantation de la « civilisation » au Congo —, les critiques internationales adressées à Léopold II sur la gestion de cette colonie se multiplient (notamment à travers le scandale du « caoutchouc rouge ») et secouent l’opinion nationale. Ce n’est qu’en 1908 que le Parlement reprendra, au nom de la Belgique, la tâche colonisatrice. C’est la naissance officielle du Congo Belge, « Onze Kongo – Notre Congo ».

 


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Miroirs d’Empires
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