En 1979, le Guadeloupéen Pierre Edouard Décimus s’associe avec son frère Georges, Jacob Desvarieux et Freddy Marshall pour créer Kassav’. Ces musiciens encore amateurs appréhendent leur groupe comme un « laboratoire » musical. Influencé par le réveil identitaire antillais, Kassav’ veut concevoir une musique antillaise nouvelle mais authentique, ne cédant pas aux sirènes de la world music. Ils modernisent alors le répertoire populaire local, trop ancré dans le folklore, en mariant au rythme de base du tambour gwoka des couleurs ethniques — calypso, kompa, salsa, biguine, merengue, makossa… — et des influences RnB, reggae, africaine, soul et jazz.
En 1979, leur premier album, Love and Ka Dance, se distingue par l’exigence de sa composition ainsi qu’un chant en créole, identitaire et frondeur. Au-delà de cette marque militante, il signe l’avènement du zouk. Cette expression désignait, à l’origine, les bals et les soirées dansantes. Cinq ans plus tard, l’album Yélélé, avec le titre Zouk la sé sèl médikaman nou ni, finit d’introniser le zouk. Kassav’ joue pour la première fois en France en 1985. Déjà adopté via ses 33 tours par la communauté antillaise de l’Hexagone, il réunit des milliers spectateurs au Zénith. La presse parle de révolution musicale. L’année suivante, le tube Kolé Séré de la chanteuse Jocelyne Béroard (membre de Kassav’ depuis 1980), assoit la popularité du groupe, tête d’affiche du premier carnaval antillais de Paris.
Son succès est alors grandissant, en France, aux Antilles et dans le monde, à l’instar des deux concerts en 1987 à Luanda avec quatre-vingt-dix mille Angolais et à Baillif avec soixante-dix mille Guadeloupéens. Au tournant des années 1980-1990 avec, à leur actif, quinze albums collectifs et trente albums en solo de ses membres, Kassav’ devient un ambassadeur des Antilles et un groupe d’audience internationale avec des concerts sur les continents américain, africain et européen. Depuis, au rythme des sorties de disques et de nombreux concerts, son influence inspire de nouvelles voies musicales dans le monde entier, à l’image de l’Angola où le kizomba est un héritier direct du zouk.
Livre : Conrath Philippe, Kassav’, Seghers, 1987.
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