Né en 1906 au Sénégal, Féral Benga découvre Paris avec son père en 1923 pour un voyage d’agrément. Embarqué dans le tourbillon des « folies nègres » qui secouent alors les nuits de la capitale, il décide de rester à Paris. Son corps d’athlète lui vaut très vite des figurations au music-hall et le voilà bientôt engagé dans La Folie du Jour le tout nouveau spectacle des Folies-Bergère avec Joséphine Baker en vedette, après le succès de La Revue nègre. Dans le tableau humoristique de La Boule de fleur, où un académicien myope prend un homme noir pour Fatou la pulpeuse « négresse », Féral Benga joue tous les soirs les travestis et imite Joséphine sous les rires des spectateurs. Sa carrière au music-hall est lancée. Il est alors recruté comme danseur dans la formation des Colored Boys au Casino de Paris, puis participe à plusieurs revues.
L’année de l’Exposition internationale coloniale de Paris, en 1931, il est consacré « Étoile noire » du music-hall avec L’Usine à folies aux Folies-Bergère où il danse dans un fabuleux tableau exotique Le plateau de la négresse. Il est l’égérie et le modèle de plusieurs artistes de la Harlem Renaissance, comme le sculpteur Richmond Barthé, le peintre James Amos Porter, et fait le tour de l’Europe. Jean Cocteau l’engage pour incarner l’ange noir dans son tout premier film, Le sang d’un poète (1930). Il tourne également dans le film de Léon Joannon Quand Minuit sonnera en 1936. En 1933, en pleine montée du nazisme, Féral Benga conçoit avec Jean Fazil une création chorégraphique au Théâtre des Champs-Elysées qui défraye la critique, le Gala de danses blanc et noir, où la danse africaine rencontre les musiques classiques et les negro spirituals.
Il fait ensuite connaissance avec l’anthropologue anglais Geoffrey Gorer. Un an plus tard, il part avec lui pour un long voyage d’étude à travers l’Afrique de l’Ouest à la découverte des traditions chorégraphiques africaines. Son but est de créer un ballet africain mais le projet ne verra jamais le jour bien qu’annonciateur de celui de Fodéba Keita et Douta Seck, créé après la guerre. En 1947, il ouvre à Saint-Germain-des-Prés, La Rose Rouge, un célèbre cabaret-théâtre où l’on croise le tout-Paris. Une superbe scène pour y faire entendre les voix de la négritude. Féral Benga meurt en 1957 à Châteauroux.
Livre : Coutelet Nathalie, « Féral Benga : de la danse nègre à la chorégraphie africaine », in Cahiers d’Études africaines, Éditions de l’EHESS, 2012.
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