Avec cette succession de tableaux vivants évoquant les zoos humains des expositions ethnographiques coloniales, Brett Bailey revient sur la féroce exploitation du Congo par les impérialismes français et belge. Un pan occulté de notre Histoire, dont les constructions idéologiques racistes perdurent jusqu’à nos jours…
At the end of the XIX century, four groups of indigenous people (a total of 25 people, from infants to the elderly) were taken from Chile by a German businessman and were shown as animals in different fairs and public exhibitions in several Europeans cities, including Berlin, Leipzig, and symbolic places such as the area surrounding the Eiffel Tower. The Human Zoo retraces the disturbing and moving journey of the abducted natives and surprises with every new discovery – including the remains of five members of the Kawésqar culture found at the Anthropological Department of the University of Zurich. The repatriation of the remains reveals how racism and the lack of respect for the indigenous population continues to present day.
Paris, 1817, enceinte de l’Académie Royale de Médecine. « Je n’ai jamais vu de tête humaine plus semblable à celle des singes ». Face au moulage du corps de Saartjie Baartman, l’anatomiste Georges Cuvier est catégorique. Un parterre de distingués collègues applaudit la démonstration. Sept ans plus tôt, Saartjie, quittait l’Afrique du Sud avec son maître, Caezar, et livrait son corps en pâture au public londonien des foires aux monstres. Femme libre et entravée, elle était l’icône des bas-fonds, la « Vénus Hottentote » promise au mirage d’une ascension dorée…
Dans une réserve du Musée de l’Homme à Paris, un homme emballe avec précaution un bocal avec du lourd papier blanc. Dans le bocal il y a le cerveau de Sarah Baartman (la Vénus Hottentote), qui, avec le reste de sa dépouille, rentre enfin chez elle en Afrique du Sud. Cinq ans après la sortie de On l’appelait « La Vénus Hottentote », Zola Maseko poursuit le récit et, à travers la difficile tentative de rapatriement de la dépouille, offre quelques gros plans sur un tragique épisode du racisme et de l’impérialisme.
Réalisé par Régis Wargnier en 2005, Man to Man est un film passionnant racontant l’histoire de deux jeunes pygmées capturés par un anthropologue écossais. Au fil du temps, il se rendra compte que ces « sauvages » ne sont pas si différents des « civilisés » et tentera de démontrer que ces hommes ne sont pas fait pour être exposés tels des animaux dans des zoos. Ce film est une parfaite description de ce qu’il s’est plus ou moins passé lors des expositions coloniales.
Emmenés vers la Belgique, ils sont attendus à Bruxelles pour figurer à la grande Exposition universelle de la fin du siècle dernier. À Tervuren, petit village situé à quelques kilomètres de là, une section consacrée au Congo doit mettre en valeur les produits de la colonie et convaincre les investisseurs et l’opinion publique du bien- fondé du projet colonial mis en oeuvre par le roi Léopold II. Ils accostent le 27 juin 1897 à Anvers, après un mois d’une traversée hasardeuse où l’on dénombre quatre morts. À Bruxelles, les cérémonies en leur honneur sont grandioses : défilés, fanfares, feux d’artifice.
Déguisés en indiens Guatinaui (tribu imaginaire récemment découverte), les artistes Guillermo Gómez-Peña et Coco Fusco entreprennent une série de performances dans lesquelles ils s’exposent en cage, à la manière des zoos humains qui avaient cours au XIXe et au début du XXe siècle. Entrecoupée d’images d’archive, les performances des deux artistes se veulent un commentaire satirique et critique du passé. Elles soulèvent également de nombreuses interrogations, en particulier vis-à-vis du public qui pense parfois avoir affaire à de vrais « sauvages ».
En 1810, Sarah Baartman, jeune adolescente sud-africaine du peuple Khoi, est enlevée par un Afrikaner et emmenée à Londres où elle est exhibée comme une bête de foire dans les cirques, les musées, les bars et les universités. A Londres, elle fait sensation et est surnommée avec ironie et perversion la Vénus hottentote. Ses exhibitions firent scandale dans les milieux progressistes anglais, nourrissant le débat sur l’abolition de l’esclavage.