Au-delà des clichés et des fantasmes, la présence dans Paris de ceux que l’on désigne comme «Asiatiques » est multiple. Dans le regard des Parisiens, elle oscille en permanence entre invisibilité et invasion. Cet album est le récit en images, jusqu’alors largement ignorée, du Paris Asie.
De quelques voyageurs en 1854 à plus d’un million de résidents en France en 2004, c’est à un incroyable récit qu’invitent les quarante-huit auteurs rassemblés pour ce livre. De Deng Xiaoping à Hô Chi Minh, du Japonisme à la Croisière jaune, de Foujita à Zao Wou-Ki, du Péril jaune à la naissance de Chinatown… c’est 150 ans d’histoire aux mille et une facettes que l’on découvre. À travers les centaines d’images exceptionnelles retenues, on a le sentiment que Paris a été, et reste, l’étape essentielle d’une longue marche commencée au milieu du XIXe siècle…
Le Sud-Ouest, de Bordeaux à Nîmes, de Toulouse à La Rochelle, de Montpellier à Biarritz, est lié depuis des siècles à ces voyageurs, travailleurs, artistes, soldats et commerçants qui ont construit le destin de ces régions. À partir du début du XXe siècle, cette présence est marquée par l’arrivée, dans les villes, les campagnes et sur les quais, d’hommes et de femmes venus des quatre coins du monde : de l’Extrême-Orient, du Maghreb, du Levant, des Caraïbes et d’Afrique noire…
Dans le regard des populations locales, cette présence oscille en permanence entre désir et passion, entre fascination et exclusion. Toutes les identités se croisent, toutes les contradictions prennent forme, tous les rêves s’annoncent dans ce Sud-Ouest, Porte des outre-mers, qui va être le relais entre la métropole et les Suds pendant plusieurs décennies. C’est par centaines de milliers qu’ils arrivent pour travailler ou combattre, s’installer en tant que réfugiés, rapatriés ou militants, s’intégrer ou fonder un foyer, faire étape avant de partir pour les Antilles ou l’Afrique
Dans les toutes premières années du XXe siècle, se scelle une histoire d’amour tumultueuse entre Paris et les arts d’Afrique. Plusieurs scènes de cette passion dévorante se jouent à Montparnasse : dans les incontournables cafés, La Coupole, La Closerie des Lilas, dans l’espace feutré des salles de spectacle mais aussi dans l’intimité des ateliers de ceux que l’on nommera bientôt les «grands maîtres du XXe siècle». L’exposition Montparnasse Noir (19o6-1966) propose une promenade dans un demi-siècle d’histoire qui retrace les passerelles d’un monde à l’autre – du continent Afrique vers le panthéon de l’art occidental. Le regard de l’Autre, le regard vers l’Autre. Picasso ébahi devant les fétiches nègres du Trocadéro, Joséphine Baker et Al Brown stars de la capitale, les familles françaises venues visiter par milliers l’Exposition coloniale de 1931, Senghor et Césaire couvant la négritude puis l’universel…
Paradoxale, complexe, ambiguë, c’est une histoire de contrastes et de contre-jours. 1906 marque le début de cette histoire, année capitale de l’odyssée parisienne noire, année «fétiche» à plus d’un titre : naissance de Léopold Sédar Senghor à Joal (Sénégal) ; naissance de Joséphine Baker à Saint-Louis (États-Unis) ; première exposition coloniale au Grand Palais à Paris ; première exposition coloniale à Marseille ; Picasso peint les Demoiselles d’Avignon ; Mission d’exploration de l’officier Moll entre le Cameroun et le Congo français. Pas de répit pour ce début de siècle où Noirs et Blancs entrent en collision.
Conçue en deux volets, l’un historique et l’autre contemporain, l’exposition Black Paris – Black Brussels dresse un paysage de l’influence du continent africain sur la société occidentale depuis l’époque coloniale jusqu’au début de notre XXIe siècle, en passant par l’histoire, le temps des colonies, les soldats noirs et les tirailleurs sénégalais, le primitivisme et la négrophilie des années 20, Joséphine Baker, le jazz, les boxeurs et la Mission Dakar-Djibouti. Les artistes modernes et l’époque contemporaine qui font de Paris la « plus grande enclave africaine en Europe », avec un cinquième de ses 12 millions d’habitants dont les racines sont africaines, antillaises ou afro-américaines, dont voici le catalogue d’exposition.