De Charlemagne à l’Alliance Franco-Ottomane (720-1540)
Au VIIIe siècle, les premières incursions musulmanes au-delà des Pyrénées aboutissent à la prise de Narbonne en 719. Les raids musulmans se succèdent et, en 732, la bataille de Poitiers voit Charles Martel freiner temporairement ces incursions. Les affrontements se poursuivent — comme lors de la bataille de Roncevaux —, jusqu’à ce que Charlemagne finisse par chasser les Sarrasins du royaume en 793. Ces affrontements n’empêchent pas la diplomatie entre le royaume franc et l’empire d’al-Andalus ou avec les Abbassides de Bagdad, comme en témoigne l’éléphant blanc offert à Charlemagne par le calife Harûn al-Rashid en 801, ou l’intense activité diplomatique menée par Louis le Pieux avec l’émirat de Cordoue. Par la suite, dans un royaume fragilisé, les incursions sarrasines reprennent et se poursuivent tout au long du Xe siècle.
L’enclave musulmane du Fraxinet près de Saint-Tropez, base arrière des actes de piraterie, va même perdurer jusqu’en 973. Dès lors, le ressentiment populaire contre les Sarrasins s’approfondit, accentué par l’interdiction faite aux chrétiens d’accéder aux lieux saints, après la prise de Jérusalem par les Turcs en 1078. S’impose alors « l’image d’un Sarrasin sauvage basané, qui pille et cause d’effroyables malheurs ». Cette situation conduit, lors du concile de Clermont en 1095, à l’appel à la croisade par le pape Urbain II, pour qui les Turcs sont « une nation maudite et étrangère à Dieu ». Deux ans plus tard, des milliers de croisés se retrouvent devant Constantinople, inaugurant les multiples conflits entre Orient et Occident des siècles suivants. Cependant, les échanges sont incessants : le sud du royaume de France est alors marqué par l’architecture arabe, le commerce méditerranéen s’accroît, les arts et la culture arabe et orientale sont découverts et appréciés, ouvrant désormais une autre relation à l’Orient, qu’il soit byzantin ou musulman. Les croisades vont aussi favoriser la construction de stéréotypes négatifs, confirmés lors du concile de Latran en 1215 durant lequel est édictée l’obligation faite aux musulmans et aux juifs vivant en chrétienté de porter un habit spécifique.
Dans ce contexte, le futur Saint Louis, roi de France, fait le vœu de libérer les Lieux saints, mais va échouer par deux fois avant de décéder en Tunisie (focus). Dans le même temps, la dynastie mamelouke reprend les villes croisées, dont Acre en 1291 et Constantinople un siècle et demi plus tard en 1453. Avec la chute de la capitale byzantine, les auteurs chrétiens renouent avec une critique systématique de l’islam. Mais, au lendemain de sa victoire à Marignan (1515), le roi de France François Ier change de stratégie et, au regard de ses intérêts en Europe, décide d’engager une alliance franco-ottomane en 1536 avec le sultan Soliman le Magnifique. Beaucoup dénoncent cette « union sacrilège de la fleur de lys et du croissant », qui va bouleverser en profondeur les enjeux diplomatiques autour de la Méditerranée en ce début de XVIe siècle.
La bataille de Roncevaux (778)
Contrairement à la légende, la bataille de Roncevaux n’a pas opposé l’armée de Charlemagne aux Sarrasins. En réalité, Charlemagne, accédant à une demande du gouverneur de Barcelone en révolte contre l’émir de Cordoue, envoie une armée franchir les Pyrénées. L’arrière-garde de cette dernière, dirigée par Roland, est attaquée par des Vascons à son retour. Ce n’est que trois siècles plus tard qu’est inventée la légende d’une bataille contre les Sarrasins.
Saint Louis et la Croisade
Saint Louis, roi de France, fait le vœu de libérer les Lieux saints. Après un premier échec, il y est fait prisonnier en 1250 puis libéré. Il demeure dans les États latins d’Orient jusqu’en 1254. Il repart alors pour une huitième croisade, embarque à Aigues-Mortes, s’arrête à Tunis pour convertir le Sultan. Il y meurt le 25 juillet 1270. C’est en 1297 qu’il est canonisé par le pape au regard de son engagement et sa « dévotion » à dieu.