Expositions

Des priorités économiques aux décolonisations (1945-1962)

En 1945, éclatent les émeutes de Sétif et de Guelma. La représentation fait, selon la mémoire collective algérienne, 45 000 morts. En 1946, la France s’engage en Indochine dans une guerre contre le Viêt-minh. En 1947, la révolte malgache se propage et la répression fait, selon les sources, entre 11 000 et 80 000 morts. En Afrique noire, l’opposition politique au régime colonial s’organise avec le Rassemblement démocratique africain ; tandis qu’au Maroc, l’Istiquâl, et en Tunisie, le Néo-Destour, s’opposent de plus en plus efficacement à l’administration française. Cette opposition, armée ou non, est absente des représentations. C’est avec la guerre d’Algérie qu’apparaissent les premières images des conflits coloniaux modernes. En 1956, la guerre dure depuis deux ans en Algérie, l’Union des populations du Cameroun a pris les armes depuis un an, la Tunisie et le Maroc accèdent à l’indépendance. Gaston Defferre, ministre de la France d’Outre-mer, réagit aux mouvements de décolonisation en promulguant une Loi-cadre pour l’Afrique noire française : suffrage universel, autonomie interne des territoires coloniaux et participation des élites au pouvoir local. Les images rendent compte de ces changements en présentant de plus en plus de personnalités politiques africaines. Après la Seconde Guerre mondiale, le discours colonial se cantonne progressivement aux progrès économiques et sociaux que le régime colonial est supposé susciter.

En 1958, le référendum sur la Communauté porte sur le maintien ou non de chaque territoire d’Afrique noire dans le cadre français. La Guinée de Sékou Touré, en votant « non » parvient à l’indépendance. Déjà en 1956, la Tunisie et le Maroc s’étaient séparés de la France. En 1960, les territoires de l’AOF et de l’AEF accèdent à l’indépendance. Celle-ci inaugure une ère nouvelle pour les états et les populations d’Afrique noire. En 1962, l’Algérie proclame également son indépendance, après une longue guerre, qui clôt l’histoire de la colonisation française en Afrique. Les images de la guerre d’Algérie et des troubles politiques en Afrique Noire se multiplient dans la presse, notamment par l’intermédiaire de journaux utilisant l’image, tel Paris-Match. Nouvelles pour le grand public, elles contrastent brutalement avec celles, abondamment diffuées depuis des dizaines d’années, de la « mission-civilisatrice ». Le choc est violent pour les consciences françaises : ces images font éclater les stéréotypes d’une présence pacifique de la métropole et d’un progrès économique et social continu des pays colonisés.

 


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