
Bancel Nicolas, Blanchard Pascal, « Le corps exotique, le corps du colonisé. Questions et propositions autour de deux catégories de représentation de l’altérité », Représentations du corps, .
Nous pourrions nous « réjouir » d’avoir vu apparaître dans les programmes des candidats à l’élection présidentielle des projets muséaux, instituts et autres organismes culturels censés offrir une visibilité à des récits jusqu’alors exclus de la « Grande » histoire de France : l’histoire de l’esclavage et de ses abolitions, les « cultures noires », l’histoire des harkis, des «pieds-noirs», des colons, sans oublier les projets sur la guerre d’Indochine ou celle d’Algérie… Autant de récits qui parlent de la France, de sa relation au monde durant plus de quatre siècles et de sa société aujourd’hui. Dans le même temps, ces débats n’ont guère dominé la campagne qui s’achève. Il y a eu peu d’enjeux autour de ces questions alors que les options envisagées font débat. Il est temps de bâtir un musée des histoires coloniales…
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Le 17 octobre 1961, le FLN appelle les Algériens de la région parisienne à manifester pacifiquement à Paris pour protester contre le couvre-feu qui leur est imposé. Interdite par la police, la manifestation est très violemment réprimée. Le 17 octobre et les semaines qui suivirent, plus de 150 personnes sont mortes ou disparues. Le préfet de police Maurice Papon, responsable de cette répression, en niera toujours l’ampleur. Dans cet ouvrage, Jean-Luc Einaudi livre les conclusions de son enquête sur ces massacres, après avoir pu consulter les archives des hôpitaux de Paris, du Parquet, de la gendarmerie, de la préfecture de police, qui confirment et précisent les données recueillies dans ses précédents ouvrages.
En 2005 était publié La Fracture coloniale. La société française au prisme de l’héritage colonial, sous la direction de Nicolas Bancel, Pascal Blanchard et Sandrine Lemaire. Livre collectif sur les séquelles du colonial dans la France d’aujourd’hui, sa sortie allait susciter une levée inattendue de boucliers et des critiques pour certaines violentes venant de milieux intellectuels ou politiques. Mouvements a demandé à deux des coordinateurs de l’ouvrage de revenir sur les réactions qu’il a suscitées, c’est-à-dire de faire une « critique de la critique » en tant que principaux intervenants, ou plutôt de discuter des conditions d’émergence d’un espace intellectuel pluraliste sur un sujet qui fâche et sur lequel, semble-t-il, l’écriture ne peut être respectable quand elle se construit en rupture des usages dominants.
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Il faut que le PS, François Hollande et la candidate du parti pour les Présidentielles se saisissent de l’affaire Frêche, pour envoyer un message clair aux Français et rompre avec une culture coloniale qui traverse toujours la société française. C’est à cette attente que devra répondre la commission nationale des conflits du parti le samedi 27 janvier prochain. Il faut comprendre que cette déclaration est une insulte pour beaucoup de Français et que le mépris dont elle est porteuse est source d’humiliation pour nombre de nos compatriotes. Il faut aussi déconstruire les mécanismes qui conduisent à de tels discours et analyser les héritages qui produisent, toujours, de telles pensées.
La Ligue des Droits de l’Homme a dénoncé la nomination au sein de la Commission d’indemnisation des rapatriés d’Algérie d’un ancien membre de l’OAS, Athanase Georgopoulos. Partagez-vous cette indignation ?
Nicolas Bancel : Il est délicat de nommer dans cette commission un ancien activiste qui a coordonné l’action de l’OAS —une organisation qui a posé des bombes— et qui n’a jamais caché la continuité de son opinion. Cela peut légitimement soulever un questionnement. Sur le plan juridique, une personne amnistiée n’a plus à répondre des faits passés. On ne peut lui retirer ce droit. Mais sur le plan politique, cette nomination me semble vraiment malhabile. C’est d’autant plus vrai dans les circonstances actuelles, où l’émotion est très vive et où l’on connaît une radicalisation des mémoires concurrentes. On semblait se diriger vers une position plus consensuelle avec le déclassement de l’article 4 de la loi du 23 février 2005. La nomination d’Athanase Georgopoulos risque d’enflammer à nouveau les passions.
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Vous affirmez que la colonisation est consubstantielle à la République ? Non, et ce serait commettre une grave erreur d’appréciation que d’affirmer cela. La colonisation est un mouvement historique connu par de nombreuses sociétés. Ainsi les sociétés occidentales modernes colonisent dès le XVIIIe siècle. Loin d’être proprement républicaine la colonisation a été le fruit de nombreux régimes politiques – de la monarchie à la république en passant par la dictature -, témoignant avant tout de l’expansion de la puissance de l’Europe et de la projection des rivalités intereuropéennes sur les autres continents. La République, en tant que telle, n’est pas en cause.
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On connaît l’esprit qui guide, depuis soixante ans, les leaders politiques japonais : aucun regard critique sur l’époque des conquêtes coloniales sans risque électoral majeur. Le contexte est largement influencé par une multitude de groupes de pression révisionnistes, dont le plus actif reste l’Association des familles de victimes de guerre que préside Ruytaro Hashimoto, membre influent du PLD. Celui-ci a imposé sa « vision » du « passé » colonial japonais à l’occasion du cinquantième anniversaire de la fin de la guerre, en 1995.
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La colonisation est-elle consubstantielle de la République ou la partie visible d’une utopie universelle qui, dès lors qu’elle est confrontée au colonial, perdrait de sa « pureté » plus l’on s’éloignerait du centre (la métropole) et plus la couleur des populations placées théoriquement sous sa tutelle s’assombrirait ? Questions complexes et sans doute impossibles à trancher clairement, questions…
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D’un côté, il y a sur nos murs et dans les médias cette publicité : « La France des 3 Océans », une vision « idéale » de nos « colonies actuelles » que nous proposent Publicis et le ministère de l’Outre-mer. Et de l’autre, il y a l’appel des « indigènes de la République ». Deux sociétés, deux regards, deux France qui semblent ne plus se comprendre, ni se parler. Cette affiche nous interpelle au plus profond de cette fracture, avec cet enfant (blanc) qui parle à l’oiseau (l’indigène des îles) de ce potentiel d’aller dans son « domaine ». Là-bas, dans les îles.
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