Slimane Azem est né le 19 septembre 1918 dans un petit village en Grande Kabylie. Vivant dans un milieu modeste, fils d’un cultivateur, il se passionne à l’école pour les Fables de la Fontaine et les poèmes du XIXe siècle de Si Mohand. A l’âge de 11 ans, il devient employé agricole chez un colon puis, en 1937, il rejoint son frère Ouali en France près de la frontière luxembourgeoise. Lors de la Seconde Guerre mondiale, il est mobilisé près de Bourges. Le soir, dans la caserne, il chante et joue pour ses camarades. Réformé, il part à Paris où il travaille comme électricien dans le métro de Paris. Il raconte cette nouvelle vie d’immigré dans sa première chanson A Muh a Muh. En 1942, Slimane Azem est déporté par les Allemands dans le cadre du service de travail obligatoire en Rhénanie où il y reste jusqu’à la Libération.
De retour à Paris, il prend la gérance d’un café et s’y produit régulièrement. Il enregistre quelques chansons et se fait connaître dans les années 1950. Grâce à l’unique disquaire qui vend des albums d’artistes maghrébins et orientaux, il rencontre la compagnie de disques Pathé Marconi. Il décide de rentrer en Algérie au moment où elle cherche son indépendance. Dans ce contexte, il écrit des chansons engagées et soutient le mouvement d’indépendance. Critiquant le nouveau régime en place qui le déçoit, une rumeur circule sur Slimane Azem. Il aurait collaboré avec l’armée française pendant la guerre. Il est alors contraint de s’exiler et de revenir en France. Il devient une légende pour les Kabyles de France et l’ensemble des travailleurs immigrés maghrébins. Dans son pays d’origine, ses chansons trouvent une résonance et ses disques s’arrachent sous le manteau car sa musique est interdite de 1967 à 1988.
En France, il revient à la musique en 1971. Avec la chanteuse Noura, il est le premier artiste maghrébin à obtenir un disque d’or en France. Il devient même sociétaire de la Sacem. Fort de ce succès, il se lance avec le fameux Cheikh Noredine dans des duos comiques. Ils réalisent plusieurs chansons comme Hommage aux parents, Dites-moi mes amis ou encore Carte de résidence. Cette dernière dénonce les conditions difficiles d’obtention des papiers. Ce titre a été repris de nombreuses fois, notamment par Zebda. Pour ses dernières années de vie, il achète une ferme à Moissac où il meurt le 28 janvier 1983.
Livre : Nacib Youssef, Slimane Azem : le poète, Publisud, 2001.
Film : Merabet Rachid, Slimane Azem : une légende de l’exil, Les Films de la Castagne, 2007.
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