Musicien et compositeur martiniquais, Ernest Leardée a marqué l’histoire de la biguine. Né en 1896 dans les bas-quartiers de Fort-de-France, rien ne le prédestinait à devenir musicien. Il se retrouve, par hasard, apprenti chez un luthier qui lui apprend la musique et la fabrication des instruments. Il suit son patron dans les bals et part bientôt en tournée avec un orchestre brésilien. De retour sur son île, il travaille dans un salon de coiffure, court les bals et les dancings. Violoniste, Ernest Léardée joue aussi de la clarinette et du saxophone. Il s’associe, en 1919, avec Alexandre Stellio, compositeur de musique pour les films muets. Mais, il rêve de la capitale et de ses « folies nègres » qui commencent à faire parler d’elles.
Ernest Léardée met en gage son salon de coiffure pour payer le voyage et débarque à Paris en 1929 avec Stellio et plusieurs amis musiciens. Leur orchestre, le Stellio’s Band, inaugure le Bal Glacière avec un succès retentissant. Ils gravent leurs premiers disques. Il décide alors de créer son propre orchestre pour Le Bal Nègre de la rue Blomet et succède à Jean Rézard de Wouves qui avait créé le lieu en 1924. Il enregistre ses premières compositions de biguine créole et ne tarde pas à ouvrir son propre cabaret en 1931, L’Élan noir. La musique noire est à la mode et Ernest Léardée joue dans de multiples formations. Il dirige même son orchestre.
Il retourne à la coiffure pendant l’Occupation, mais reprend la musique dès la Libération. Il joue alors dans les bals et les cabarets : Le Potomac, Le Sérail, La Canne à sucre, La Boule blanche… Il enregistre pour la radio et continue de composer de la biguine. Il fait notamment trois disques pour Eddie Barclay. Il dirige même le casino de Saint-Pair-sur-Mer de 1961 à 1966 puis à plus de 70 ans, il prend la direction du Léardée Dancing Club. Il enregistre pour le cinéma, avec la chanteuse Téty Silva et le chanteur Christian Juin. Il devient l’égérie et l’interprète de la publicité Uncle Ben’s pour la télévision française. En 1988, Ernest Léardée disparaît. Il est inhumé avec sa clarinette et son violon. Il est accompagné dans ce dernier voyage par son titre La complainte du Mont Pelé qui est sa dernière composition en 1985, interprétée par Malavoi et chantée par Ralph Tamar lors du tournage du film documentaire Le Roman de la biguine.
Livre : Léardée Ernest, La Biguine de l’oncle Ben’s, Éditions Caribéennes, 2000.
Film : Krief Jean-Pierre, Succab-Goldman Christiane, Ernest Léardée ou le Roman de la biguine, KS Visions, 1986.
Sites internet :