Memoire Combattantes

FILMS

Chocolat raconté par Firmine Richard

Raphaël de Lejos pour les journalistes, Raphaël Padilla pour ses amis qui le firent inhumer sous ce nom, mais pour le public, dont il fut l’enfant chéri, il était le clown Chocolat. Il est né à Cuba, de parents esclaves. Vendu par une vieille Cubaine, il se retrouve comme garçon de femme à Bilbao en Espagne à 16 ans. Repéré par le clown Tony Grice, qui l’avait engagé comme nouvel acrobate-cascadeur de son spectacle équestre, il débute avec lui sur la piste du Nouveau Cirque, tout fraîchement débarqué à Paris, sous le nom d’« El Rubio ». C’est alors la mode des Négros burlesques venus d’Amérique. Dans ce contexte d’exotisme, le jeune artiste cubain à la bouille chocolat enflamme le Nouveau Cirque en 1888 avec une pantomime nautique endiablée, La noce de Chocolat. Il apparaît au bras d’une jeune mariée blanche et doit courir et sauter dans tous les sens pour la retrouver. Ce spectacle, qui n’est pas sans provocation pour l’époque, sera repris presque tous les ans jusqu’en 1907.

En 1892, on comptait déjà deux cents représentations de cette pantomime ! Chocolat se retrouve alors dans la plupart des grands spectacles du Nouveau Cirque jusqu’en 1909 : America, La Grenouillère, L’Île aux singes, Les Vingt-huit jours de Chocolat, Chocolat Aviateur… Il devient une vedette nationale. Après avoir créé un premier duo d’un tout nouveau genre avec le clown blanc Kesten, il invente, en 1894, avec le clown anglais Foottit, un tandem noir et blanc célèbre qui marquera l’histoire du cirque. Le monde publicitaire en fixera l’image dans les mémoires à travers les campagnes Félix Potin pour les tablettes de chocolat et même pour les pneus Michelin. Toulouse-Lautrec l’immortalisera en « roi de la danse ».

Foottit et Chocolat vont devenir des légendes du music-hall et du cinéma comme en témoignent les films des frères Lumière et d’Émile Reynaud. En 1911, Firmin Gémier confie à Chocolat un rôle au théâtre dans une pochade politique, mais l’expérience est un échec. La critique se moque de sa diction « petit-nègre ». C’est en 1917, alors que son fils est au front, que Chocolat est retrouvé mort dans un petit hôtel de Bordeaux. Il y était en tournée pour le cirque Rancy avec les clowns Bob O’Connor et George Foottit. Après sa mort, son fils perpétua le personnage qu’il avait créé en formant de nouveaux duos, notamment Chocolat et Porto au cirque Médrano.

Livre : Franc-Nohain, Foottit et Chocolat. Mémoires du premier clown noir, Pages Classiques, 2016.

Film : Zem Roschdy, Chocolat, Mandarin Cinéma, 2016

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1865-1917, Cuba

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